Pur jus tanjaoui
Aux abords de Hafa, regards de Tangérois sur le Détroit de Gibraltar
Le taxi vous lâchera au stade municipal, continuez alors à pied, rien de tel que la marche pour approcher du rivage et flairer les embruns.
Là, à flanc de falaise, se dresse le Café Hafa, une terrasse blanche centenaire, quasi creusée dans la roche.
Dessinée sur cinq ou six paliers, elle est un repère pour les chats et les fleurs sauvages depuis des générations.
La porte d’accès ne paye pas de mine, et seule l’inscription sous le porche en tuiles vertes confirme que vous êtes à la bonne adresse : Bienvenue à Hafa ! ou plutôt, Marhaba al Hafa comme on dit ici.
Le serveur suit d’un œil attentif votre descente des marches et vous donne à boire sitôt assis. A la carte, point de kawa.., mais du thé, uniquement du thé, marocain s’entend.
Une âme intacte
L’endroit invite à la réflexion, à la quiétude. Son caractère brut, sa vue imprenable sur les côtes espagnoles et ses tables de fortune dépareillées en ont fait un mythe.
Sa clientèle aussi, disons- le. Hafa fut longtemps en effet le lieu adulé des peintres, des écrivains et des stars du rock comme du septième Art.
Il imprégna la plume du musicologue et romancier américain Paul Bowles, de Jack Kerouac, fit le bonheur des Beatles, le délire des Rolling Stones, avant de séduire Sean Connery, le plus charismatique des James Bond.
Aujourd’hui, les années paillettes sont loin, et s’il demeure une institution pour les locaux comme pour les touristes, le Café Hafa sent presque moins la menthe que le cannabis.
Il attire davantage une jeunesse populaire avide de rêves et de liberté. Il n’empêche, l’âme est intacte, et on ne saurait trop vous conseiller d’y passer un moment, au soleil couchant, lorsque la Méditerranée passe en mode bleu nuit et que la lune apporte l’éclairage d’appoint nécessaire à une atmosphère propice aux confidences.
Info pratique
Café Hafa, Quartier Marchan, à quelques ruelles du stade municipal. Ouvert tous les jours
Louis-Cyril Tharaux © Azurever.com
