
Parenthèse enchantée à Guernesey, pimpante île anglo-normande
Au large des côtes françaises normandes, quelques bouts d’îles au climat privilégié ressemblent à des écrins de verdure suspendus entre ciel et mer, bercés par le souffle de la mer.
Si l’influence anglaise prédomine aujourd’hui, la toponymie locale leur confère un étonnant air de parenté avec la France.
Normal : l’île a appartenu durant plusieurs siècles au Duché de Normandie. Les vicissitudes de l’histoire les conduisent dans le giron britannique.
Leur devise : « La Reine, notre Duc » !
Demeurées indépendantes, elles font partie intégrante du Commonwealth.
Très proches géographiquement les unes des autres, chaque île a cependant su développer au fil d’une histoire riche et mouvementée, une identité propre dont elle cultive aujourd’hui encore toute sa singularité.
Guernesey est l’une d’elle
écrin de douceur et de qualité de vie, à l’abri des bruits qui courent.
Victor Hugo, hôte de l’ile pendant quinze ans, a su mieux que tout autre, en clamer les atouts faits de charme et d’harmonie.
« Je songe au merveilleux voyage Que ces îles proposent aux esprits curieux »…
Facilement accessible avec « Condor Ferries » à partir de la gare maritime de Saint Malo, elle offre évasion iodée et dépaysement.
Une heure quarante cinq de traversée, confortable grâce aux stabilisateurs dont ces paquebots des mers sont dotés, minimisant mal de mer ou désagréables états nauséeux.
Ici, les jardins gorgés de fleurs, ont une âme romantique.
Là, les arbres majestueux des parcs centenaires semblent vivre une retraite heureuse.
Véritable jardin réchauffé par la présence du « Gulf Stream », le climat doux et presque méditerranéen permet une végétation luxuriante.
On pourrait appeler Guernesey « l’île aux camélias » tellement ces fleurs ont apprivoisé l’espace. En prime, rhododendrons, clématites, azalées et lys, symbole de l’île, abondent et donnent par leur exubérance, des couleurs chaudes au paysage.
« L’île est comme une grosse fleur, accourez vite ! » Susurre notre poète national.
L’ancestral Manoir de Sausmarez, son ravissant parc subtropical, le Jardin de Candie à la botanique soignée, en plein cœur de Saint Peter Port, la capitale, sont fréquentés et même courtisés par Victor Hugo.
La statue du poète, imposante et réfléchie, jouxte celle de la Reine Victoria, sévère.
Deux « illustres » se côtoient pour l’éternité.
L’île est un paradis de la randonnée.
Pourtant au premier abord, des cohortes de voitures encombrent ces étroits chemins qui enlacent l’île. Et… circulation déroutante à gauche toute !
Mais très vite on trouve son allure de croisière ; le calme et la quiétude du chemin des douaniers ceinturant l’île et de nombreuses « ruettes » tranquilles, et sentes maritimes parsemées d’anciens blockhaus, repères pour gambader.
Le temps semble alors se mesurer en journées de chevaux de poste.
Des panneaux en bord de chemin affichent parfois : « Premises sont terre à l’amende » ; ils signifient simplement « défense de stationner sous peine d’amende » en vieux patois local, ineffaçable, encore parlé par mille îliens.
Laissez-vous d’ailleurs conter des « histouaires » en savoureux patois franco-normand mâtiné d’anglais, au Musée des Traditions Populaires. Elles vous ramèneront quelques siècles en arrière.
Une carte des randonnées balisées est proposée par l’Office du Tourisme de Saint Peter Port. L’on peut faire le tour de l’ile à pied, elle est minuscule, 78 km carrés, toujours divisée en dix « paroisses » selon le droit normand, et abrite environ 70 000 âmes.
L’exilé de Guernesey
Homme illustre, patriarche, chef de tribu, Victor Hugo suscite toujours ferveur populaire et admiration de fans hugolâtres.
L’opposant au Second-Empire, l’écrivain de la liberté et de l’égalité incarne la survivance républicaine, vit en exil à Guernesey pendant quinze années. Il y rédige « Les Misérables », œuvre d’un homme accompli.
Il nous ouvre les portes de sa maison, « Hauteville House », son jardin arboré en cœur de ville Saint Peter Port.
Excentrique demeure chargée d’objets insolites, chinés dans les Iles, imprégnée de l’état d’esprit « récup art » du propriétaire. Elle révèle ses fantomatiques obsessions, son souci de cheminer de l’ombre à la lumière, les facettes d’une personnalité riche et complexe.
Sa maison-temple Place des Vosges à Paris, est emblématique, mais Guernesey peut s’enorgueillir d’abriter avec « Hauteville House » le seul refuge qu’il affectionne, qu’il chérit, où il ses sent chez lui, même en exil.
Elle se visite sur rendez-vous, par petits groupes de personnes, avec un guide érudit sans dans le bon sens du terme. Il sait suggérer avec peu de mots les émotions du poète et entrouvrir les coulisses de son âme.
Guernesey Pratique
Où dormir à prix doux ?
De nombreux hôtels classés « 3 étoiles » maillent le territoire.
Ce classement îlien correspondrait davantage à celui d’un « 2 étoiles + » dans l‘Hexagone.
« La Barbarie » proche de la capitale Saint Peter Port, dans la paroisse de Saint Martin, est un hôtel simple, accueillant, apprécié des touristes.
Clin d’œil aux barbares, corsaires qui officiaient autrefois dans ces contrées maritimes. Leurs embuscades tendues aux navires, ont enrichi l’île.
Confort des chambres, sans ostentation.
Restaurant chic et cuisine bistronomique.
Elégante salle de restauration et divins breakfasts.
Piscine extérieure.
Où se régaler et boire « local » ?
Une suggestion au pèlerin-voyageur : manger « local » ! Tout est délicieux !
Ici, pas de cuisine « techno », pas de gastronomie moléculaire. La plupart des restaurants revendique l’usage de produits naturels, voire sauvages, très peu transformés et dont l’approvisionnement affiche un principe locavore.
Foultitude de poissons et crustacés fraîchement cueillis, produits laitiers d’excellence, dont un beurre jaune d’or typique, baratté à partir d’un lait issu d’une race de vaches guernesiaises à la gracieuse robe couleur sable.
Les « guernsey toms », ancestrale culture de tomates de l’île, n’est plus qu’un lointain souvenir et c’est bien dommage. Les nombreuses serres qui les élevaient, abritaient, réchauffaient, ont été détruites par les orages et tempêtes au fil du temps. Elles n’ont pas été remplacées.
Estaminets, pubs, et petits restaurants proches du bord de mer régalent de produits frais. Il n’y a que l’embarras du choix.
Ne pas faire l’impasse sur le « Beanjar », délicieux cassoulet de porc plutôt inattendu ici.
Le cidre local pressé avec les pommes des vergers locaux, la « Patois », désaltérante bière, même si elle n’est plus locale, le Fludge, caramel fondant dans la bouche, petit plaisir régressif et la fameuse brioche inséparable des « afternoon teas », sont devenus des rituels incontournables.
Liens et informations pratiques
La Barbarie Hôtel
Tel : 01 481 235217
The Auberge à Jerbourg
dine@theauberge.gg
Tel : 01 481 238485