
Population de Moscou et de Saint-Pétersbourg
Avec plus de 10 millions d’habitants, Moscou est la plus grande métropole d’Europe (la ville de Saint-Pétersbourg compte deux fois moins d’habitants).
Mais si l’on compte les gens qui viennent travailler dans la mégapole depuis les villes environnantes, le nombre de personnes qui se trouvent dans la limite de Moscou la journée, augmente de 25 à 50 %.
Il y a aussi les habitants qui vivent dans la capitale sans se déclarer, phénomène connu des autorités qui les baptisent « âmes mortes ».
Finalement, personne ne peut dire à coup sûr le chiffre réel de la population de Moscou.
« Propiska » remplacée par « l’enregistrement », obstacle à la libre circulation des personnes
Ce phénomène est hérité de l’époque soviétique, quand tous les citoyens de l’URSS devaient avoir une « propiska » de leur lieu d’habitation, un tampon dans le passeport leur accordant le droit d’exercer une activité professionnelle dans la région concernée.
Avec la chute de l’URSS, la « propiska » fut remplacée par un « enregistrement », ce qui n’a guère changé la donne :
ceux qui ne possèdent pas de logement dans la ville concernée n’ont pas le droit au travail dans cette cité (à moins que vous n’ayez des proches prêts à vous faire enregistrer officiellement chez eux, ou encore si vous habitez dans un des foyers qui accordent ces droits de manière officielle…).
Cette situation est caractéristique de toutes les grandes villes russes, là où il y a du travail et par conséquent où les prix de l’immobilier sont inabordables.
Elle est encore plus vraie pour les deux capitales, et surtout pour Moscou ou les offres d’emploi sont les plus abondantes.
Pourtant, les « intrus » provinciaux ne se découragent pas.
De plus en plus nombreux, ils « achètent » de faux enregistrements, souvent temporaires, trouvent des emplois et concurrencent de « vrais » moscovites, sûrs de leur suprématie et (pour cette raison, sans doute ?) moins débrouillards que les provinciaux.
Avec le temps qui passe, ces derniers gagnent de l’assurance et s’installent de plus en plus confortablement, en se mariant avec les moscovites et en faisant venir les membres de leurs familles…
Et le visage de Moscou change. « Il y a trop de gens venus d’ailleurs, ce n’est plus pareil qu’il y a 15 ans », soupirent les mémés dans les squares en accentuant les « a » dans leur discours (un accent typique pour la capitale) et en observant le rythme de vie effréné de ces « importés » assoiffés de réussite.
Mais la situation est irréversible, les lois du marché s’imposent et les nouveaux venus reconnaissables à leurs accents différents restent désormais à Moscou.
Anastassia Koukouchkina © Azurever.com