Parce qu’elle a été, sans nul doute, la pire catastrophe nucléaire de tous les temps, la catastrophe de Tchernobyl d’avril 1986 reste encore bien présente dans tous les esprits. En effet, des milliers de morts, des régions entières dévastées et aujourd’hui, une attractivité totalement inattendue pour ce lieu chargé d’histoire. Si la zone s’avère particulièrement dangereuse, elle attire plus de 10 000 visiteurs tous les ans. Une nouvelle forme de tourisme de l’insolite, le Dark Tourism, encouragée par le gouvernement ukrainien, ne cesse de se développer au sein même d’un large périmètre sous quarantaine militaire. D’ailleurs, si les premiers visiteurs étaient essentiellement des amateurs d’Urbex, la série américaine Chernobyl a boostée de plus de 40 % ces visites d’un nouveau genre. On vous donne donc les spots incontournables de Tchernobyl à découvrir si vous comptez vous y rendre !
Petite introduction sur l’histoire de Tchernobyl
Située à 150 km au Nord de Kiev, la capitale de l’Ukraine, et à 14 km de la ville de Tchernobyl, la centrale nucléaire VI Lenine a vu sa construction débuter en 1971, le long de la rivière Pripyat. Les Russes mettent en route les quatre réacteurs de la centrale respectivement en 1977 (les réacteurs 1 et 2), en 1981 pour le réacteur n°3 et en 1983 pour le dernier. Ils stopperont, net, la construction de deux autres réacteurs suite à la catastrophe de 1986.
Véritable trésor de l’ingénierie soviétique, symbole de la suprématie nucléaire russe, la centrale de Tchernobyl a employé près de 10 000 salariés. Afin d’héberger tous ces travailleurs, le gouvernement a construit de toutes pièces la ville de Pripyat au début des années 70 et parallèlement à la construction de la centrale. Hyper moderne, Pripyat hébergeait, au milieu des années 80, 49 000 habitants sur 130 km². Lycées, collèges, hôpitaux, crèches, salles de sport, stades, gares, des équipements modernes jalonnaient la cité ouvrière.
La catastrophe
Forts de leurs succès cumulés, les ingénieurs russes multiplient les expériences au sein même de la centrale en fonctionnement. D’ailleurs, en cette fin avril 1986, on prévoit une série de tests, tendant à prouver qu’en cas de coupure électrique, la centrale serait à même de fonctionner de manière autonome grâce à la puissance de sa turbine. Mais rien ne se passe comme prévu et le 26 avril 1986 à 1 h 24 du matin, les réactions en chaîne entrainent l’explosion pure et simple du réacteur n°4. Puis, cette explosion majeure soulève la dalle de béton de 1 400 tonnes qui recouvre le réacteur. En retombant, les débris de graphite et de béton, fracturent le cœur du réacteur. L’incendie qui s’ensuit est colossal, projetant des particules très hautement radioactives dans l’atmosphère.
Tous les moyens seront donc mis en œuvre pour éteindre l’incendie, mais les niveaux de radioactivité enregistrés à 200 m de hauteur sont 300 millions de fois supérieurs à la normale. Les ordres d’évacuation de la ville Pripyat ne sont donnés que le lendemain, le 27 avril, jusque-là il a été demandé aux habitants de ne pas paniquer, rien devant perturber le quotidien de la ville. Le marathon réunissant 900 élèves de 10 à 17 ans a même été maintenu !
Les bus ont évacué 230 000 personnes en tout, au cours de la semaine suivante. Entre 1986 et 1992, la Russie va créer une zone d’exclusion de 30 km autour de la centrale. C’est ce qu’on a appelé les « liquidateurs » qui nettoieront cette zone. Quelques 800 000 hommes se sont relayés nuit et jour 24 h/24 pendant six ans pour épurer le périmètre.
Quand partir sur la destination et les modalités d’entrées
Pour partir à la découvrir du site, il faut impérativement s’attacher les services d’une agence spécialisée qui gérera les demandes d’autorisation. Les départs se font généralement en bus depuis Kiev. Vous devez être en possession d’un passeport en cours de validité. À l’entrée, en bus et en groupe, de la zone d’exclusion, vous devrez signer une décharge et un règlement à respecter scrupuleusement. En effet, ne perdez pas de vue que vous pénétrez sur une zone militaire qui n’autorisent pas de faire preuve d’humour ou d’insoumission. Il vous sera également un compteur Geiger afin de mesurer la radioactivité environnante.
Les visites s’effectuent habituellement entre le début du printemps et la fin de l’automne. Préférez la fin de l’automne, lorsque les arbres ont perdu leurs feuilles, pour une meilleure visibilité et une meilleure appréhension de la ville de Pripyat envahie par la végétation. Notez bien que l’escapade à Tchernobyl est vivement déconseillée aux femmes enceintes. Prévoyez un manteau long, des vêtements à manches longues et une paire de chaussures à sacrifier et à jeter dès votre retour.
Les spots incontournables de Tchernobyl à voir et à photographier
Si ne pas pouvoir pénétrer dans les milliers de bâtiments abandonnés qui jalonnent la visite frustrera les amateurs d’Urbex, les photographes trouveront en revanche là un véritable Eldorado. Parmi les spots incontournables de Tchernobyl, la ville abandonnée de Pripyat vitrine anachronique de l’Empire soviétique, le port et le chantier naval de Pripyat, le réacteur n°4 et son arche sarcophage de 110 m de haut, le radar Duga 3, le Luna Park, parc d’attraction fantôme que l’on devait inaugurer quatre jours après la catastrophe ; grande roue, auto tamponneuses… jamais mis en service. Le plus impressionnant lors de ces visites reste les villages abandonnés, glauques et inquiétants à souhaits où, à la tombée de la nuit, on distingue étrangement quelques lueurs. D’anciens habitants, aujourd’hui très âgés, ont eu l’autorisation de revenir vivre sur leurs terres.
Par ailleurs, dans la zone d’exclusion, les carcasses de voitures, de bus, de déchets métalliques jonchent la forêt. Si vous êtes adeptes de ce genre de prises de vues, ne vous en privez pas, vous n’aurez que l’embarras du choix, mais faites attention à ne pas piétiner les sols trop moussus qui regorgent de radioactivité. Le cimetière de Tchernobyl est aussi un incontournable, laissé à l’abandon, il confère une ambiance assez morbide à ce lieu empreint de l’histoire des hommes et du nucléaire.
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