Entourées d’eau et de lagons, les îles de l’archipel de Bijagos sont des terres encore méconnues où bat toujours le sentiment africain originel. Comme une partie du Monde que le temps aurait oublié… S’étendant sur plus de 100 km au large de la Guinée-Bissau, c’est l’ethnie éponyme à l’archipel de Bijagos qui peuple ces territoire, avec ses traditions animistes qui régissent encore sa vie sociale. Sur les 88 îles aux sables blancs et eaux turquoise de l’archipel, seules une vingtaine sont habitées. Chacune est différente des autres, avec son propre caractère et son histoire, mais toutes portent en elles une promesse de tranquillité, d’authenticité et de paix de l’esprit. TRVLRs en quête de terres méconnues, suivez le guide pour en savoir plus sur l’archipel de Bijagos, classé réserve de biosphère en 1996 par l’UNESCO.
Une nature paradisiaque
Une faune et une flore luxuriantes
De sa savane côtière, ses épaisses palmeraies, ses plages intactes à son labyrinthe de marécages, ses forêts de mangroves tentaculaires et ses eaux riches, l’environnement unique et l’éloignement ont permis à la biodiversité d’exploser sur l’archipel des Bijagos. La cime des arbres abrite des oiseaux locaux et migrateurs, notamment des vanneaux, des sternes, des calaos et des aigles pêcheurs. Des singes, des cochons sauvages et des vaches pygmées de la taille de chiens parcourent les sols des îles.
Ses eaux abritent des lamantins, des raies, des dauphins, des requins, des tortues géantes et même de rares hippopotames d’eau salée. La mangrove recouvre les côtes de l’archipel de Bijagos en grande partie et offre aux poissons un lieu où vivre et se nourrir. On compte aujourd’hui plus de 170 espèces différentes de poissons dans cette zone. On y trouve aussi des espèces typiques de la côte comme les vivaneaux et les carpes rouges mais aussi beaucoup de petits poissons de roche ou de vase.
Avec des eaux aussi abondantes, pas surprenant que la pêche soit au cœur de la culture et de l’économie des Bijagos ! Les os de mâchoires de requin pendent dans les bars locaux et les masques en cuir de galuchat sont utilisés dans les fanados, mais les îles sont surtout connues pour l’abondance et la taille des poissons. Les tarpons – également connus sous le nom de Silver King – sont la royauté de ces eaux. Pouvant atteindre 150 kg et plus de 2 m de long, ces poissons légendaires se nourrissent de bancs de poissons dans les eaux chaudes et peuvent être capturés d’octobre à mai.
La culture bijago
Une spiritualité liée à dame Nature
C’est indéniable, l’archipel de Bijagos est un lieu magique et préservé, loin du tourisme de masse. En effet, les hommes et la nature y vivent en harmonie complète, plutôt inhabituel pour nous, occidentaux. Cette cohésion est telle, que les hommes consultent la nature et l’au-delà lorsqu’ils prennent des décisions importantes dans leur vie. Par exemple, si vous voulez acheter un terrain, les anciens doivent demander la permission à leurs ancêtres, et ils leur confirmeront si vos intentions sont bonnes ou mauvaises. Par ailleurs, les Bijagos ne portent que très peu d’intérêt aux biens matériels et à l’argent.
Les femmes au cœur de la société
Un certain nombre d’îles habitées ont des sociétés matriarcales, où les femmes exercent traditionnellement le pouvoir, gèrent le ménage et initient les procédures de mariage. Par exemple, ce sont des femmes prêtresses appelées, baloberas, qui gouvernent l’île d’Orango, et qui y exercent des fonctions religieuses et administratives, tout en utilisant leur pouvoir spirituel pour superviser les cérémonies et protéger les îles. En matière de mariage, les femmes offrent un plateau de poisson (traditionnellement à l’huile de palme rouge) au futur mari de leur choix, qui accepte en le mangeant. Cependant, comme pour les croyances spirituelles des îles, l’augmentation progressive des influences extérieures, y compris une recrudescence des habitants visitant le continent, a dilué ces traditions.
Des rites initiatiques encore pratiqués
Relativement épargnées par la domination coloniale, le mode de vie du peuple insulaire des Bijagos met encore à l’honneur des croyances animistes et traditions culturelles. Environ 100 jours de l’année, des cérémonies et rites traditionnels se déroulent, comme les fanados. Sensiblement différents selon les îles, ces initiations de passage à l’âge adulte pour les jeunes hommes et femmes impliquent de passer quatre mois dans la forêt avec les anciens du village. Ils consistent à apprendre tous les secrets des îles et des esprits qui les gouvernent. En sanctifiant l’environnement naturel, les insulaires aident à protéger la biodiversité unique des Bijagos.
Quelques îles à visiter
Bubaque, « capitale » de l’archipel de Bijagos
Avec 11 000 habitants permanents, Bubaque est l’île la plus peuplée de l’archpipel de Bijagos, ainsi que sa capitale administrative. Le port de la vie est le centre névralgique de toute l’activité et l’animation, avec l’arrivée des bateaux venant du continent s’arrêtant à son port. On y trouve la rue la plus fréquentée de l’île, avec des quincailleries aux devantures de couteaux suspendus à des ficelles, des cafés-cabanes , des bar-cabanes et même une discothèque locale.
La ville s’étend ensuite sur des chemins de terre tranquilles, où les maisons locales côtoient d’anciennes ruines coloniales, y compris les anciennes maisons de l’administrateur de Bubaque. Des cochons, des chèvres et des vaches pygmées déambulent, tandis que les locaux construisent des pirogues et les enfants jouent sous les anacardiers. Non loin d’ici, la colline, à l’extrémité nord de la ville, offre une vue imprenable sur le détroit jusqu’à l’île de Rubane.
Après un trajet sur la seule route cahoteuse de l’île, à travers portions de forêt et instantanés de la vie du village de Bubaque pour en atteindre l’extrémité, la plage de Bruce offre un sable blanc immaculé et des eaux fraîches et propres, avec une interaction humaine minimale. Le voyage délimite la seule « route » de l’île.
Orango
Orango est la plus grande île des Bijagos en termes de superficie (272 km²), mais sa population de 2 500 habitants n’en occupe que 10 %. Ses habitants, cependant, passent leur temps loin des tabancas (quartiers) du nord, préférant gambader dans la lagune d’Anôr. Abritant la plus grande communauté d’hippopotames d’eau salée d’Afrique de l’Ouest, ces bêtes rares et sacrées profitent de la salinité du lagon pour boire de l’eau douce et se baigner dans les mers salées.
C’est aussi le fait qu’Orango abrite le siège de la dernière Reine-Prêtresse des Bijagos, Okinka Pampa, qui fait la réputation de l’île. Au pouvoir de 1910 à sa mort en 1930, Pampa est vénérée à travers les îles pour avoir résisté à la domination portugaise, puis négocié un traité de paix favorable qui garantissait la semi-autonomie et protégeait les traditions et les secrets écologiques des îles. On peut visiter son mausolée, dans la tabanca d’Eticoga.
Caravela
Avec l’île de Bubaque, Caravela est l’une des îles les plus peuplées et touristiques de l’archipel sauvage des Bijagos. Néanmoins, encore très sauvage, on y trouve de nombreuses espèces d’animaux, notamment les singes. On peut les observer par dizaines dans la magnifique et luxuriante forêt des Ceilas, idéale pour de longues balades. Nombreux sont les pêcheurs qui habitent sur l’île et profitent de ses eaux extrêment riches en poissons. Ne manquez pas non plus d’aller admirer les nombreuses varitétés d’arbres qui peuplent les belles forêts Anaguna et Gnotey et Anaguna.
João Vieira e Poilão
Nichées dans le parc national marin João Vieira e Poilão, ces deux îles, les plus méridionales de l’archipel, sont parmi les plus spéciales. On pense que les esprits habitent l’intérieur de ces îles, d’ailleurs, il constitue une zone interdite, uniquement réservée pour les anciens du village et les rites initiaques du fanados. Les plages, quant à elles, sont la terre d’accueil de visiteurs plus distinctifs. De la fin de l’été au milieu de l’hiver, des milliers de tortues marines, y compris la tortue imbriquée en danger critique d’extinction, viennent pondre leurs œufs sur les plages intactes. En effet, les îles restent l’un des sites de nidification des tortues les plus importants d’Afrique.
Comment se rendre à l’archipel des Bijagos ?
Le meilleur moment pour vous rendre sur l’archipel de Bijagos est pendant la saison sèche entre novembre et avril (décembre et janvier étant les plus frais). Il existe quatre options principales pour s’y rendre, au départ de Bissau, la capitale, allant du transport le plus confortable et rapide au plus simple et populaire.
Par avion
Bubaque accueille une piste d’atterrissage, digne de Narcos ou d’un film de James Bond. C’est une piste en terre battue au milieu d’une forêt défrichée. Des petites avions voyagent depuis la capitale Bissau ou depuis la station balnéaire sénégalaise de Cap-Skirring pour un montant relativement modeste (une centaine d’euros par personne).
En hors-bord
Prenant environ 1 heure 30 minutes depuis Bissau, les vedettes rapides de type hors-bord sont de loin l’option la plus rapide. Un trajet coûte en moyenne autour de 70 euros par personne.
En ferry « touristique »
Avec des espaces ombragés, des chaises confortables et une technologie moderne, un ferry touristique navigue d’îles en îles jusqu’à Bubaque. Veillez par contre à vous assurer que le ferry est opérationnel pour les dates que vous avez sélectionnées, son activité étant très ponctuelle et saisonnière.
Par ferry local
Une carcasse rouillée, bourrée de gens, de provisions, de motos et de meubles… le ferry local transporte toutes sortes de choses, sur un trajet de six heures. Vous pouvez y acheter des bières froides et des sandwichs, et la vue sur les îles est majestueuse, mais ne vous attendez pas à être à l’aise pendant six heures.
Laurent, veut explorer le monde dans ses moindres recoins…