En Tunisie, sur la route entre Tozeur et Douz, le désert devient ciel. L’horizon se perd à l’infini. Après l’oasis de Kebili, les points de repère s’effacent peu à peu. La route suit alors un terre-plein rectiligne qui fend les eaux saumâtres d’un immense lac salé, le Chott El Jerid.
Sous le soleil estival
En été, cette énorme dépression devient une étendue de sel. Une blancheur éblouissante. Du sol fissuré, naissent des mirages. Car l’évaporation constante et le soleil créent des images trompeuses. Des rochers fictifs tremblotent à l’horizon, des oasis et des caravanes imaginaires déroulent devant vos yeux. Ne restez pas trop longtemps les prunelles fixes sur un même point, vous pourriez finir par croire dans ces mirages !
Accroupissez-vous : ces OVNI sahariens d’air et de lumière devraient disparaître aussitôt. Et si vous n’arrivez pas à vous débarrasser de ces images de rêve, c’est que la magie du désert commence. C’est le moment de s’arrêter dans l’une des échoppes de paille qui surgissent comme de nulle part, au bord de la route. Roses de sable minéraux y sont étalés en quantité.
Quand vient l’hiver
Le Chott El Jerid est peut-être encore plus mystérieux en hiver. La route devient une digue. Le lac est presque entièrement recouvert d’une couche d’eau très subtile. Une mer intérieure, dont les habitants connaissent tous les secrets. Il n’y a pas très longtemps, la traversée du chott était une aventure. La construction de la route goudronnée a simplifié les choses, mais les hors-piste restent dangereux. Les étendues de boue peuvent toujours piéger les voyageurs inexperts. Ici, la croûte saline peut céder sous le poids d’un 4×4. Là, les « aîoun », des puits de 1 à 5 m de large et profonds de quelques mètres, invitent les flamants roses à se poser dans une eau un peu moins saumâtre.