Médina, ouvre-toi !
En contrebas de la ville nouvelle, par delà le Boulevard Pasteur, l’esplanade dite "des Paresseux" et le consulat de France, apparaît un décor fabuleux, grouillant, auquel Joseph Kessel consacra un livre, en 1952.Il s’agit du Grand Socco (ou Souk Bacca), sans conteste l’artère la plus animée de Tanger.
Cernée par l’église britannique Saint-Andrew, la mosquée Sidi Bouabid et le cinéma Rif, cette place circulaire où jaillit une fontaine est aussi appelée "Place du 9 Avril".
C’est ici, ce jour de l’année 1947, que le Roi Mohammed V se prononça officiellement en faveur d’un Maroc indépendant. Orné de palmiers, ce carrefour apprécié de tous constitue aussi le principal accès à la médina.
Franchissez la porte blanche de Bab el Fahs puis Bab Fendak Zraa, rue d’Italie, et remontez le temps. Tendez l’oreille et ouvrez les yeux. Imprégnez vous des couleurs, des odeurs d’épices, de safran, d’olives et de maïs grillé, et laissez-vous aller dans l’entrelacs de ruelles qui s’offre à vous.
« Andek, Belek ! »
Les vendeurs du Petit Socco (ou Souk Dakhel) hèlent tendrement le chaland et ne forcent pas la main.
Raison de plus d’aller vers eux, de chiner l’introuvable, et de marchander. Autour des étals, le spectacle est permanent.
La vie grouille véritablement, la perte de repère n’est plus qu’un heureux hasard. Les chariots et les porteurs de sacs de farine se frayent un passage aux cris de "Andek, andek, belek, belek !" (Traduisez : chaud devant, écartez-vous), des femmes tendent des fils de soie d’un bout à l’autre d’une venelle tandis que le muezzin appelle bientôt à la prière.
Les ambiances contrastent et les visages apportent autant de chaleur que le souffle du sirocco. Une visite de la médina dure environ deux heures, mais peut durer beaucoup plus si vous prenez un malin plaisir à vous y égarer.
Votre route croisera peut-être celle d’Hicham l’herboriste, ou encore celle de Mohammed, alias Simo, un trentenaire au visage d’ado qui vous guidera au pas de course de la rue Siaghine à la rue Melwyia. Bonne balade !
Louis-Cyril Tharaux © Azurever.com