Sur près d’une quinzaine de milliers d’hectares, baignant dans une chaleur insupportable et fouetté par un vent de plus en plus impétueux, le désert d’Agriates en Corse est un immense paysage digne de son nom : l’exemple typique de ce qu’on peut qualifier de désert.
Situé dans la partie nord-ouest du Nebbio, entre la Balagne et le Cap Corse, on y trouve granits taillés, immenses crêtes, sommets rocheux et vallons.
Isolé, désolé mais pourtant magnifique, son paysage fait de pierres rouges et ocres combinés avec le bleu profond de la mer méditerranée offre un panorama imprenable qu’on croirait tout droit sorti d’un tableau.
On trouve sur le site d’anciennes constructions faites de pierres sèches témoignant du passage des anciens bergers qui y amenaient leur bétail.
Si on part du sentier littoral, on tombe à Saint-Florent sur la vieille tour de génoise, la Tour de Mortella qui fut construite au 16ème siècle. Au fil des randonnées, piquer une tête dans l’une des magnifiques plages d’Agriates devient une obligation.
Pour les plages on a l’embarras du choix entre la plage du Loto, la plage de Saleccia et la plage de l’Ostriconi. Il n’y a que deux pistes praticables dans le désert et pour les emprunter, mieux vaut utiliser des voitures tout terrain pour éviter les problèmes.
Mais le mieux, c’est toujours de partir à la découverte de ce site à pied, certains endroits ne sont accessibles qu’à la marche. Toutefois, si vous ne vous sentez pas d’attaque pour trois jours de marche, pour des nuits de pleine lune, vous pouvez toujours opter pour la location de vélo !
C’est l’écrivain Pierre Benoit qui magnifia cette région dans son ouvrage "Les Agriates", mais ce sont les Corses qui y écrivirent les plus belles lignes. Aujourd’hui officiellement reconnues comme le seul véritable désert européen, les Agriates sont l’une des plus extraordinaires régions de Corse !
S’étendant entre Alliso et pays d’Ostriconi, les Agriates, avec leurs 16.000 ha, furent longtemps une riche terre de culture et d’élevage.
Plus même : les Gênois qui tinrent longtemps la Corse sous leur coupe, firent de cette région leur grenier à blé et à oliviers.
Jusqu’au début du siècle, les agriculteurs travaillaient entre les milliers de pieds d’oliviers; cultivaient encore le blé; récoltaient amandes, citrons et figues; …
Aujourd’hui encore, on aperçoit encore quelquefois, envahies par le maquis, une ancienne aire de battage ou une vieille ferme à l’abandon, entourée d’ormes et d’oliviers centenaires.
Les Agriates furent aussi une grande terre de transhumance. En 1888, on recensait encore une centaine de troupeaux de moutons ou de brebis.
Mais les vagues d’émigration successives, la rudesse de la vie dans la région, les difficultés financières et la Grande Guerre qui laissa ici plus de veuves et d’orphelins que de bras pour travailler eurent raison de la vie dans les Agriates qui commencèrent à se désertifier.
Cà et là, de vieux murets de pierres témoignent encore d’une activité agricole à jamais abandonnée
Aujourd’hui, le Désert des Agriates est le terrain de prédilection des amoureux de la nature, La flore des Agriates est particulièrement riche, diversifiée et colorée: randonneurs, cavaliers, joggers, VTTistes, … y apprécient la poétique rudesse du paysage, mais aussi des plages (notamment l’extraordianire plage immaculée de Mafalco ou la longue plage de Saleccia) parmi les plus belles de l’île.
Texte : Philippe CHAVANNE – Photos : Alice DELVAILLE