Aucune langue aborigène ne possède un mot pour désigner l’ensemble de la population aborigène du continent. L’ensemble du territoire australien est en réalité composé de tribus qui possède une culture aborigène, mais totalement différente. Il n’existe pas véritablement d’unité entre des tribus, qui peuvent avoir du mal à communiquer entre elles ! Malheureusement aujourd’hui la diversité des langues et des cultures aborigènes court un grand danger et risque de disparaître rapidement. On peut distinguer cependant deux grands ensembles au sein de la culture australienne originelle : les tribus aborigènes du continent et les natifs de Torres Islands (nord du continent).
Une culture fondée sur la notion de Temps du Rêve
Le terme de Temps du rêve (ou Dreamtime en anglais) désigne à la fois une période de l’histoire du monde, temps de la création des êtres vivants et du territoire par les ancêtres, et l’ensemble des mythes et contes populaires aborigènes transmis de génération à génération. Cet ensemble d’enseignements contient donc les mythes fondateurs de la tribu ainsi que les règles qui dictent le mode de vie de la communauté et celles qu’elle doit respecter pour survivre. C’est ainsi que le Temps du rêve décrit comment chasser certains animaux, recolter certaines plantes, préparer les repas et honorer les ancêtres. Il contient aussi les règles hiérarchiques d’organisation « politique » de la communauté. Si certains ancêtres sont communs à certaines tribus, la plupart des tribus aborigènes possèdent leur propre Temps du rêve, mythes et traditions particulières.
Un mode de vie entièrement lié à la terre et à l’environnement
Les règles de vie et les traditions de chaque tribu viennent du Temps du Rêve de chaque tribu, issu lui-même des mythes sur la création et formation de leur territoire par les ancêtres de la tribu. Les traditions et cultures de chaque tribu reposent donc sur un environnement et des lieux sacrés particuliers, ce qui explique la diversité des traditions d’une tribu à l’autre. C’est une des explications de l’échec des réserves et territoires réservés aux Aborigènes lors de la colonisation de l’Australie. Si l’on déporte un Aborigène sur une autre terre que la sienne, ses traditions, mythes et règles de vie ne correspondent plus à son environnement et il perd totalement son identité.
L’art aborigène : l’appartenance d’un peuple à sa terre
La langue, les arts et l’appartenance à un territoire sont entièrement liés pour les tribus aborigènes. En effet, les chants et traditions artistiques sont un canal privilégié pour la transmission des mythes et donc des rites de protection et de « possession » de la terre. Pour un Aborigène, connaître et posséder les mythes laissés par les ancêtres, à travers les contes, les peintures, les chants et danses de sa tribu, signifie appartenir et donc, dans le sens occidental du terme, « posséder » la terre qu’il décrit.
Certaines familles possèdent donc des chants ou des motifs artistiques particuliers qui correspondent aux territoires auxquels elles appartiennent et qu’elles doivent protéger de génération en génération. Utiliser les motifs ou les chants d’une autre famille ou d’une tribu sans demander leur permission revient donc à voler leur connaissance de la terre et donc leur territoire. C’est pour cela qu’il faut l’accord du créateur pour reproduire une œuvre aborigène. C’est donc la raison pour laquelle nous avons choisi de ne pas en représenter dans cet article.
Une appartenance à un territoire liée pour chaque tribu
Les Aborigènes considèrent qu’ils appartiennent à la terre de leurs ancêtres plutôt que le territoire leur appartient. C’est pourquoi il leur a été si difficile de fournir des preuves de propriété aux colonisateurs anglais, qui en ont alors profité pour déclarer l’Australie « terra nullius » (sans propriétaire). « Être propriétaire » d’un lieu pour un Aborigène est tout simplement impossible. Il appartient à sa terre. Il possède uniquement une obligation morale de protéger les lieux sacrés et d’honorer ses ancêtres. Les Aborigènes appartiennent donc à leur terre et lui rendent honneur en la chantant ou en la dessinant dans leurs propres langages et traditions artistiques. Ils ont le droit de le faire car ils ont été initiés par leurs parents, grands-parents et le reste de la tribu. Ils ne peuvent pas représenter des territoires auxquels ils n’appartiennent pas.
Informations pratiques
Cette présentation est vraiment une introduction basique, qui donne quelques clefs pour essayer de comprendre la culture aborigène. Si vous voulez en savoir plus sur la culture aborigène, une bonne première introduction est le livre de l’explorateur Bruce Chatwin, le Chant des pistes (The Song lines en anglais). Très facile à lire, Chatwin décrit le périple qu’il a réalisé, dans les années 1950, autour d’Alice Springs à la découverte des lieux sacrés aborigènes de la région.