Une majorité Sunnite, une minorité Copte
Les Égyptiens sont en majorité musulmans sunnites (environ 90 %), la religion chrétienne (église copte) rassemble 7 % de la population, une minorité étant catholique ou appartenant aux autres cultes pratiqués en Orient.
L’Islam, religion des Égyptiens
La religion officielle de l’Égypte est l’islam.
Dès sa création, elle n’a pas séparé la vie civile de la vie religieuse, aussi sa pratique marque très fortement la vie quotidienne.
Né au VII e siècle en Arabie autour des villes de la Mecque et de Médine, l’islam est devenu depuis une des grandes religions universelles.
Son aire d’implantation s’étend de l’Atlantique au Pacifique.
Le Coran, livre saint de l’islam, a été révélé au monde par le prophète Muhammad (Mahomet).
L’observance religieuse se caractérise pour le croyant par le respect de règles, les « cinq piliers de l’islam » :
- l’attestation de la foi. Le musulman doit proclamer : « il n’y a de Dieu qu’en Allah et Mahomet est son envoyé ».
- la prière rituelle. Le croyant doit, après s’être purifié avec de l’eau, la réciter individuellement et n’importe où cinq fois par jour en se tournant dans la direction de la Mecque. L’heure de la prière est annoncée par les muezzins du haut des minarets. Le vendredi est le jour de prière collective à l’intérieur des mosquées.
- l’aumône. Chaque croyant doit s’en acquitter.
- le jeûne du Ramadan. Pendant un mois, celui de Ramadan (neuvième mois de l’année lunaire), les musulmans doivent s’abstenir de manger et de boire de l’aube au crépuscule.
- le pèlerinage à la Mecque.
À côté de ces pratiques religieuses, la loi musulmane, la Charia, recense toutes les attitudes du croyant face aux actes sociaux (mariage, succession, vie économique, science…).
La communauté musulmane forme alors une entité bien définie et parfaitement régulée ; les intégristes proclamant même la supériorité de cette société, parce qu’elle est d’essence divine.
L’Égypte des califes et des Mamelouks : sunnites et shiites
Six ans après la mort du prophète Mahomet, sous le deuxième calife Omar, l’Égypte, province de Byzance, est convoitée par les Arabes tant pour sa situation stratégique que pour la fertilité du Nil.
En décembre 639, les armées arabes entrent en basse Égypte. Elles atteignent la banlieue du Caire puis la ville se rend en 641. La conquête se poursuit par la haute Égypte et puis toute l’Afrique du Nord. La première capitale de l’Égypte islamique devient Fostât (Vieux Caire).
La lente islamisation s’effectue jusqu’au milieu du IXe siècle : arabisation des coptes, utilisation de la langue arabe par les commerçants et les artisans, exemption d’impôts pour les nouveaux convertis. L’administration demeure toutefois placée sous l’autorité des coptes jusqu’au XII e siècle.
Au IXe siècle, une dynastie locale, les Toulounides, prend le pouvoir. Le niveau de vie augmente, l’architecture et l’art sont en plein développement, la religion est tolérante et le pays commerce avec l’Inde et la Méditerranée.
En 909, une nouvelle dynastie venue d’Afrique du Nord s’installe en Égypte : les Fatimides. Ils imposent une doctrine religieuse, le chiisme. Une nouvelle capitale est créée près de Fostât : Le Caire. Les Fatimides règnent en Égypte durant deux siècles.
Cette période représente pour l’art, la luxuriance de l’écriture coufique, l’introduction de matières nobles telles le cristal de roche, l’or ou l’ivoire. La vie intellectuelle se manifeste par un prosélytisme avec la « maison de sagesse » (ou Dâr al-Hikma).
Mais l’Iraq retrouve sa première place dans le monde arabe grâce aux princes seldjoukides qui font perdre la Syrie aux Fatimides.
Les souverains d’Alep interviennent alors en Égypte, mettant sur le trône le vizir du dernier calife fatimide, un kurde du nom de Saladin qui fonde la dynastie Ayyoubide (nom de sa lignée).
Saladin (ou Salah ed-Dîn) rétablit l’autorité religieuse du calife sunnite de Bagdad. Le rôle des Ayyoubides sera surtout de chasser les Croisés de Syrie et de faire disparaître le chiisme d’Égypte.
Saladin prend Jérusalem afin de décapiter le royaume des Francs et conclut la paix en 1121. La rébellion des esclaves (mamelouk en arabe) contribue à la chute des Ayyoubides en 1125.
La période mamelouke se partage en deux. De 1250 à 1381 règnent les Mamelouks bahrites (du nom du fleuve Bahr sur lequel se trouvait leur premier casernement), puis de 1382 à 1517, les Mamelouks circassiens ou borjites (leur caserne était établie dans la Citadelle du Caire, chèques).
Les Mamelouks mettent fin aux Croisades (prise de Saint-Jean d’Acre en 1291, suivie de celles de Sidon et de Beyrouth).
L’Égypte devient le premier marché de transit en terre d’islam, elle commerce avec les Génois, les Catalans, les Pisans, les Vénitiens, les Marseillais et se procure en Europe le bois et le fer dont elle manque.
On construit énormément dans la ville du Caire en introduisant des influences extrême-orientales dans tous les domaines.
Cependant, la découverte de la nouvelle route des Indes en 1498 par Vasco de Gama ruine économiquement le pays. Le dernier sultan mamelouk laisse sa place à Sélim Ier, un Ottoman dont la dynastie règne à Istanbul.
Celui-ci entre au Caire en avril 1517. Avec la domination ottomane, l’Égypte entre en léthargie jusqu’en 1798 quand Bonaparte débarque.
Les Coptes, chrétiens d’Egypte
Les Coptes se réclament à la fois des pharaons et des premiers chrétiens. Jusqu’au IV e siècle, l’Égypte, convertie au christianisme par saint Marc, avait adopté le monachisme né dans le désert, afin de fuir les persécutions romaines.
Les premiers conciles oecuméniques de Nicée (325) et de Constantinople (381) surent préserver l’unité des Églises de la Méditerranée mais c’est au concile d’Éphèse (431), que l’évêque Nestorius refusa à la Vierge Marie le titre de « mère de Dieu », donnant au Christ une nature divine et une nature humaine.
Plus tard, à Chalcédoine (451), un nouveau concile refusa la théorie selon laquelle le Christ était d’essence purement divine, sa part humaine n’étant qu’apparente car pour les chrétiens, le Christ devait être sans division.
Une mauvaise interprétation du mot physis (unité de personne et dualité de nature) fit que les Coptes donnèrent à ce vocable non le sens de « nature » mais de « personne » et rejetèrent la décision du concile.
Les Coptes furent considérés à tort comme monophysites, donc hérétiques. Naquit une nouvelle Église d’Égypte, aujourd’hui réconciliée avec l’Église catholique et avec les autres Églises orthodoxes.
Vers 320, un aristocrate de Tyr nommé Frumence fut vendu comme esclave au roi d’Éthiopie. Il gagna de l’importance et fonda des oratoires destinés aux marchands grecs qui faisaient escale en Afrique.
Voulant donner à sa communauté un statut religieux, il se rendit en Égypte où il fut sacré évêque. À son retour en Éthiopie, il en convertit la population. Ainsi naquit une Église d’Éthiopie, dirigée depuis Alexandrie, jusqu’en 1959.
Il en sera de même de la Nubie et du Soudan évangélisés par des coptes jusqu’au XV e siècle. Selon la tradition, la Suisse aurait été évangélisée par des légions thébaines coptes, au III e siècle…
Le patriarche de l’Église copte orthodoxe est actuellement le pape Shénouda III depuis 1971, 117e successeur de la prédication de saint Marc. Diplômé de théologie, poète, prédicateur.
Il a été assigné à résidence par le président Sadate au Wadi Natroun de 1981 à 1985, en raison de tensions surgies entre l’Église et l’État sous la pression des intégristes musulmans. La communauté copte, diaspora comprise, s’évalue à 7 millions d’individus.
Quelques mots courants pour mieux connaître l’Egypte musulmane