Le futur de la Patagonie Chilienne
Les touristes arrivent généralement à Puerto Natales avec une seule idée en tête : Torres del Payne. Le parc est certes magnifique mais il n’est pas la seule richesse de la région !
A l’Est de Puerto Natales s’étendent 2 millions d’hectares de fiords et de canaux. La Reserva Nacional Alacalufes, territoire de pêcheurs artisanaux, de bûcherons et de navigateurs un peu fous, est le futur de la région Magallanes.
L’aventure commence dans les canaux
Le Chili possède le deuxième archipel du monde (le premier étant la Polynésie).
Le pays compte plus de trois mille îles, dont la grande majorité se situe en Patagonie.
Le mot Patagonie est souvent porteur d’images de pampas infinies peuplées de nuages de moutons.
On connait bien le gaucho, le baqueano, l’ovejero (gardien de brebis) qui scrute l’horizon depuis le poste avancé d’une estancia.
Il est aujourd’hui relativement facile de découvrir la Patagonie « terrestre ». Les randonnées a pied ou à cheval et les voyages culturels sont légion.
Vous boirez du mate avec les hommes du « campo », vous assisterez à une « jineteada » (compétition de dressage de chevaux sauvages) et vous marcherez dans les pas des premiers colons.
Mais il existe une Patagonie de la mer. Ces millions d’hectares de fiords, de canaux et d’îles sont vierges et magnifiquement sauvages.
Il pleut plus de 7 mètres par an dans les canaux, le ciel est bas et noir, les terres sont recouvertes de forêts épaisses et de tourbe profonde.
Terre des Indiens Alacalufes par tradition, elle est aujourd’hui le royaume des pêcheurs artisanaux et des coupeurs de ciprés.
Certes, le NAVIMAG permet de rallier Puerto Natales par la mer depuis Puerto Montt, mais il emprunte une route maritime proche des côtes.
Découvrir la Reserva Nacional Alacalufes
En Patagonie tout est possible. Si vous disposez de temps et de patience vous trouverez sûrement un moyen de vous aventurer dans les fiords.
Certaines agences de tourisme d’aventure commencent à proposer des voyages dans ces terres inconnues. Des voiliers proposent aussi des navigations sous la forme de charters.
La deuxième option, plus compliquée mais plus riche, est de faire connaissance avec les pêcheurs artisanaux du coin.
Le terminal de pêche est un peu éloigné du centre de Puerto Natales et les touristes poussent rarement jusque là leur désir de découverte.
Les bateaux et les hommes des fiords sont pourtant là, chargeant et déchargeant sans relâche des tonnes de poissons et de troncs de ciprés.
Un peu bourrus parfois et parlant un espagnol très local, ces marins vous feront peut être l’honneur de vous raconter leurs histoires.
Belarmino a passé sa jeunesse à faire le voyage entre Aysen et Natales en barque à rames.
Des voyages de quatre mois à chasser et à vendre des peaux de phoques et de loutres, des traversées à pied la barque sur l’épaule, et des trocs compliqués avec les Indiens.
Alberto lui est un descendant des Kawesqars, une vie entière à parcourir les fiords, à découvrir les moindres recoins des îles.
Il raconte certains soirs avoir vu des pingouins plus grands que des hommes. Alfonso est le gardien d’une île, il vit dans cette estancia familiale avec sa femme, à 5 heures de navigation de Puerto Natales, la tranquillité n’a pas de prix.
Et les pêcheurs de merlu qui construisent leurs ranchs dans la forêt pour y passer la saison. Et ces marins de 70 ans qui continuent à vivre dans leur barque, incapables de se résoudre à une vie sédentaire et terrestre.
Mille histoires, mille aventures, réticents au début, ils sont en fait intarrissables. Ecouter, apprendre. Ils vous embarqueront peut-être.
Marion Labatut © Azurever.com