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Tourisme de guerre à Tchernobyl

Qu’est-ce que le tourisme de guerre et où le faire ?

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Bien qu’en expansion depuis les années 2000, le tourisme de guerre existe bel et bien depuis le début de XXᵉ siècle. Ce sont les frères Michelin qui, les premiers, publièrent dès 1917 un guide des champs de bataille alors même que la Première guerre n’avait pas encore pris fin. Preuve en est que l’être humain voue de tout temps, à la fois une fascination et une peur pour la mort. Bien que cette perception ait évoluée au cours des siècles, principalement à cause de la modernisation de la vie, il semblerait que les occidentaux que nous sommes trouvent de plus en plus d’attraits à visiter des sites encore empreints à des conflits. Entre controverse, voyeurisme ou réelle volonté de partir à la rencontre de la vérité violente du monde, faisons un point sur cette troublante façon de voyager.

Tourisme de guerre, tourisme noir… 

Le tourisme de guerre se définie comme la visite d’un site lié à un conflit passé mais aussi vers un territoire sur lequel se déroulent toujours des affrontements. Dès lors, apparaissent les premières controverses. Le tourisme étant associé aux vacances et de ce fait aux loisirs et aux plaisirs, il devient difficile de concevoir de trouver du plaisir à visiter un pays secoué par des affrontements et des violences. Par ce constat, le tourisme de guerre est bien souvent associé, voir confondu, avec le tourisme noir ou tourisme sombre. Pour le coup, entièrement controversé dans l’opinion publique mais aussi dans la sphère politique, le tourisme noir consiste à visiter, de manière payante ou non payante, des lieux liés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes humaines ou naturelles. Ici c’est le voyeurisme qui est clairement montré du doigt et considéré comme dénué de toute morale éthique.

Mémorial du massacre de Srebrenica en Bosnie-Herzégovine

Mémorial du massacre de Srebrenica en Bosnie-Herzégovine : tourisme de guerre ? noir ?

Une bonne intention ?

À cette opinion, certains répondront par une confusion entre voyeurisme et recherche de nouvelles expériences, de « tourisme réalité » permettant de se plonger complètement dans le quotidien des populations, voir de leur venir en aide. Ce phénomène très à la mode, particulièrement auprès de la jeunesse occidentale aisée, porte un nom et l’on parle alors de « white savior » ou sauveur blanc, un nom également lui-même porteur de controverse. Au-delà de l’aspect « sauveur », de plus en plus de lieux historiques prônent l’expérimentation de l’évènement et la mise en situation des visiteurs. Le risque avec la scénarisation de l’Histoire est de la dénaturer et de créer une distanciation avec la réalité des évènements. On observe alors des comportements des visiteurs plus liés au divertissement qu’au devoir de mémoire, comme ce fut le cas lors de la publication de selfies souriants au cours d’une visite du camp d’Auschwitz.

Une offre touristique, qui existe !

Malgré les risques sanitaires et juridiques, ces dernières années ont vu se multiplier les agences de voyages spécialistes des séjours en territoires sensibles. Faire du kayak en Afghanistan, vivre l’expérience d’un immigré mexicain tentant de passer la frontière américaine illégalement, partir en road trip en Syrie, visiter Tchernobyl… Tout cela devient possible grâce à un nouveau marché florissant.

Une fois encore, la question de l’éthique se pose. Doit-on cautionner qu’un lieu lié au drame et à la mort permette de dégager des bénéfices ou de nourrir une propagande étatique. Par exemple, saviez-vous que le gouvernement ukrainiens récolte les recettes des entrées au site de Tchernobyl ?

Le taux de radiation, près de Tchernobyl

Le taux de radiation, près de Tchernobyl

On ose ou on n’ose pas ?

Si, malgré les nombreux avis que vous entendrez, vous souhaitez tout de même pratiquer le tourisme de guerre, posez-vous une seule question : quelles sont vos réelles motivations pour pratiquer le tourisme dans de telles conditions ? Vous l’aurez compris, le sujet étant tellement controversé que les réponses à cette simple question trouveront des adeptes et de fervents adversaires à vos idées. Le principal étant que vous soyez honnête avec vous-même car ce sont vos motivations qui définiront la valeur de votre voyage. De plus, outre l’aspect éthique, votre séjour pourrait vous confronter à des situations difficiles, dont certaines vous marqueront certainement à vie.

Nous vous recommandons donc de bien vous renseigner avant d’envisager un départ et de choisir une structure sérieuse pour encadrer votre séjour. Que ce soit une agence de voyage spécialisée ou une ONG, vous ne devez pas négliger sur la sécurité et l’organisation.

Assez nouveaux dans les destinations du tourisme de guerre car toujours soumis à de violents conflits, ce sont les pays du Moyen-Orient qui vous attirent désormais de nombreux visiteurs. En effet, malgré la situation difficile et fragile, la Syrie et l’Iraq travaillent depuis plusieurs années à la réhabilitation de leur pays pour accueillir à nouveau des touristes du monde entier. Bien que le Quai d’Orsay déconseille fortement tout déplacement dans un pays en guerre, certaines régions semblent avoir retrouvé un semblant de calme et de sécurité, permettant aux touristes de profiter des beautés ancestrales et peu connues du Moyen-Orient.

Nous vous recommandons également de bien préparer votre séjour en vous informant sur les pratiques culturelles syrienne ou irakienne. Ainsi, une tenue vestimentaire adaptée sera de rigueur, la parfaite connaissance des règles de sécurité obligatoire et l’intégration culturelle appréciée.