C’est un petit bout de Guadeloupe, composé de quatre communes seulement : Le Gosier (ou « Gosier » tout court pour ceux qui y sont singuliers), Saint-François, Sainte-Anne, et La Désirade (la fameuse…). Un territoire littoral étendu sur quelque 55 km de long, bordant des plages de toute beauté, tournées sur la mer des Caraïbes. Paradis évident de nature et de sports nautiques, la Riviera des îles de Guadeloupe n’en est pas moins dénuée d’intérêt culturel. Alors à ceux qui aiment concilier détente et découvertes, loisirs et patrimoine, nous avons concocté pour vous un condensé des richesses culturelles du territoire. Tourisme culturel en Guadeloupe : direction la Riviera des îles de Guadeloupe !
Le Gosier, berceau du tourisme en Guadeloupe
Commençons tout naturellement par le Gosier ! Commune la plus à l’ouest de la Riviera des îles de Guadeloupe, elle fut le berceau de l’activité touristique de l’île. Gosier a en effet accueilli en 1934 le tout premier hôtel du territoire, à l’emplacement de ce qui est aujourd’hui l’Hôtel La Pergola. Appartenant à sa construction à la Chambre de Commerce et d’Industrie, l’établissement fut racheté en 1948 par Mario Petrelluzzi ; un personnage haut en couleur qui vivait sur place avec sa horde d’animaux exotiques, dont un lynx ! Le temps ayant fait son œuvre, le bâtiment initial a aujourd’hui disparu.
L’ambigüe plage de la Datcha
Nul doute, si vous envisagez un séjour à Gosier, que vous goûterez au plaisir de la baignade sur la plage du Bourg. Un bourg est l’équivalent d’un village pour nous, métropolitains, mais ne vous aventurez jamais à parler de « village » en Guadeloupe ! Autrement appelée « plage à Mario », ou encore plage de la Datcha, cette dernière mérite une parenthèse historico-culturelle. En effet, on ignore encore si ce dernier surnom provient d’un riverain polonais qui avait coutume de dire qu’il rentrait « à sa datcha », ou bien d’un dancing éponyme autrefois tout proche.
Le phare de l’îlet du Gosier
Quoi qu’il en soit, depuis la plage de la Datcha, vous profitez d’un point de vue idéal sur le bel îlet du Gosier et sur son joli phare ; une pépite ! Construit en 1852, celui-ci a évolué par deux fois en 1887 et en 1928, pour avoir le visage qu’on lui doit aujourd’hui.
Le Fort Fleur d’Épée
Autre fleuron de l’histoire du Gosier : le Fort Fleur d’Épée, inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 1979. Érigé entre 1793 et 1794, il s’impose comme la plus importante fortification de Grande Terre. Pris d’assaut par les anglais en 1794, il fut ensuite repris par un bataillon français mené par Victor Hugues. Sa position dominante lui confère une vue grandiose sur la Baie de Grand-Baie.
Le quartier Bas-du-Fort
En contrebas, le quartier de Bas-du-Fort est superbe lui aussi. Sachez d’ailleurs qu’il ne doit pas son nom au Fort Fleur d’Épée, mais bien à l’ancien Fort Louis – autrement appelé Fort l’Union. Ce dernier a depuis été abandonné ; vous ne pourrez plus le visiter. Vous voilà bientôt à la marina de Bas-du-Fort, partagée entre le Gosier et Pointe-à-Pitre. Dans son prolongement, ne manquez pas de visiter le Grand cul-de-sac-marin, et le petit !
Le musée Costumes et Traditions
Le musée Costumes et Traditions, c’est l’histoire d’un couple, passionné par leur culture et par les us et coutumes d’antan. Au fil de leur vie, ces amoureux de la Guadeloupe ont réussi à réunir un nombre incalculable d’objets d’époque autour des traditions populaires et de la vie quotidienne. Madame adorant la couture et les robes créoles, elle a par ailleurs recréé avec précision les vêtements portés sur l’île, de l’époque des amérindiens jusqu’à très récemment, avec les costumes d’apparat. Dans le musée, des mannequins mettent en scène ces costumes et leurs coiffes. L’ensemble est saisissant et offre un vrai plongeon dans la Guadeloupe d’autrefois ! Sur demande, vous pourrez profiter d’une visite commentée par les propriétaires eux-mêmes, on vous y expliquera notamment les subtilités du port du foulard…Une pratique traditionnelle de l’île aujourd’hui encore.
Le patrimoine agricole de la zone des Grands Fonds
Si moins de 20% du territoire du Gosier se situe sur le littoral, les 80% restants sont annexés à la zone des Grands Fonds. Cette zone de la Grande Terre, qui s’est effondrée il y a 1,5 million d’années, est aujourd’hui une terre karstique ; on y trouve des collines coralliennes, constituées de tuff, et autres couloirs et vallées encaissés. Particulièrement propice à l’agriculture, les Grands Fonds furent longtemps considérés comme le jardin de la Grande Terre.
Au fil des décennies, la zone agricole devint résidentielle. Mais si l’agriculture y est devenue presque anecdotique, l’Office de Tourisme de la Riviera des îles de Guadeloupe œuvre à transmettre ce patrimoine aux visiteurs à travers différentes visites guidées. L’occasion aussi de visiter une ancienne habitation, sa tour de moulin, ainsi qu’une cassaverie encore en activité.
Sainte-Anne, capitale du Gwoka
Sainte-Anne est titillée entre son patrimoine naturel et son patrimoine culturel. Et pour cause : si elle est réputée pour avoir les plus belles plages de l’île, elle n’en demeure pas moins la capitale du Gwoka !
Le Gwoka, une vraie institution !
Apparu en Guadeloupe avec l’arrivée des esclaves, le Gwoka est une forme d’expression englobant le chant, la danse et des instruments à percussion (des tambours précisément). Aujourd’hui, c’est bien simple : le Gwoka fait partie intégrante de la culture guadeloupéenne ; il est même entré au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2014 !
Et Sainte-Anne n’y est pas pour rien. La commune a vu naître à la fin des années 1980, le Festival de Gwoka. Initiative d’une poignée d’amis au départ, l’événement s’est professionnalisé au fil des éditions. Les institutions contribuent aujourd’hui pleinement à son organisation chaque année, et des groupes viennent de toutes les Caraïbes pour l’occasion. L’objectif : porter à la connaissance du public tous les courants musicaux qui découlent du Gwoka. Si vous êtes de passage en juillet, ne manquez cela sous aucun prétexte !
L’écouter, le vivre, c’est l’adopter ! Et lorsque vous aurez véritablement découvert le Gwoka, vous vous rendrez compte que nombre de musiciens de renom sont saintannais. C’est notamment le cas de Kan’nida, l’un des plus anciens groupes de Gwoka de Guadeloupe, majoritairement composé des membres de la famille Geoffroy, saintannaise. Terre de chanteurs et de chanteuses, Sainte-Anne est aussi la ville natale de Tanya Saint-Val.
Vous l’aurez compris, le Gwoka à Saint-Anne, c’est une véritable culture ! Et l’on ne transige pas avec la transmission de ce patrimoine précieux. Sous l’impulsion de l’association « Pli lwen ki zyè » dédiée à la promotion de la culture créole sous toutes ses formes, dont le Gwoka, chaque samedi matin, sur la place de l’église, on « donne un coup de tambour » !
L’art du Quadrille
Toujours dans le souci de préserver le patrimoine immatériel de l’île, Sainte-Anne accueille la fédération guadeloupéenne des activités de Quadrille. Arrivée en Guadeloupe au XVIIIe siècle, cette danse compte de multiples courants. En Guadeloupe, quatre types coexistent : ceux de Marie-Galante, de la Côte sous le Vent, de Vieux Fort, et le Quadrille au commandement. C’est celui-ci que l’on danse en Grande Terre et notamment à Sainte-Anne, toujours avec de beaux costumes traditionnels.
L’église de Sainte-Anne et son clocher controversé
Cap désormais sur le patrimoine matériel du bourg, et notamment sur son église. Un premier édifice ayant été ravagé par le cyclone de 1928, qui a détruit l’ensemble du territoire, sa reconstruction fut confiée en 1933 à Ali Georges Tur. Fils d’un architecte des bâtiments de France, Tu fut choisi pour reconstruire et sécuriser l’ensemble des bâtiments administratifs de l’île. Au total, on lui doit plus d’une centaine d’ouvrages sur le territoire, parmi lesquels l’ancien palais du Gouverneur à Basse Terre, l’ancien palais de justice à Pointe à Pitre, et l’église de Sainte Anne.
Restée intacte jusqu’en 2019, l’église de Sainte-Anne a fait l’objet de récents travaux de rénovation. Son clocher originel devenu dangereux a été remplacé par un clocher ultra-moderne en métal, source de bien des controverses pour les puristes ! Étape photo incontournable en tous cas.
Saint-François, empreintes amérindiennes et héritage hindou
De sa célèbre pointe des Châteaux à son port de pêche, de son musée d’histoire de l’art à son cimetière hindou, le bourg de Saint-François réserve lui aussi de belles surprises aux visiteurs.
La pointe des Châteaux, sur les traces des amérindiens
Péninsule d’une quinzaine de kilomètres de long, bordée par la mer des Caraïbes au nord et au sud, la pointe des Châteaux est un trésor de patrimoine naturel. Petites anses et plages secrètes se suivent et ne se ressemblent jamais. La faune et la flore y sont très spécifiques, l’endroit est protégé bien qu’habité ; il est classé grand site de France depuis 1997.
Pour profiter d’une vue imprenable sur la péninsule et sur la Désirade, grimpez les escaliers jusqu’à la croix en haut de la colline. Vous vous en souviendrez ! Vous pouvez aussi profiter des sentiers et des parcours balisés. Celui de la Pointe des Cabrits notamment, jalonné de totems, met en avant la culture amérindienne. A son extrémité, une table d’orientation retrace la vie des amérindiens sur le territoire, et présente la faune et la flore locales. La vue, là encore, est grandiose !
En revenant vers le bourg, le village artisanal accueille la maison du coco, ainsi que Kréol West-Indies : Un espace muséal, à mi-chemin entre une boutique et une galerie d’art, présentant des objets anciens et des objets de piraterie notamment.
Le musée des beaux-arts de la marina
Une étape à ne pas manquer pour les amateurs d’arts ! Idéalement situé sur la marina de Saint-François, entouré de restaurants variés, le musée des beaux-arts est l’œuvre d’un passionné, tombé amoureux de plusieurs peintres guadeloupéens qu’il expose. On y trouve aussi des œuvres haïtiennes, africaines, des sculptures. Bien sûr, ne vous attendez pas à découvrir un musée d’histoire de l’art tel que vous pourriez en visiter dans les grandes métropoles ; il n’empêche, c’est une escale à ne pas manquer !
La pêche, toute une histoire !
Le saviez-vous ? En Guadeloupe, 48% de la pêche locale est réalisée par les pêcheurs de Saint-François et de la Désirade ! Le port de pêche de Saint-François compte une halle, un transformateur qui réalise de merveilleuses rillettes, et bien sûr, du poisson frais quotidien ! La mer tient une telle place dans le patrimoine immatériel de la Guadeloupe, qu’une association de chants marins œuvre pour cette partie de la mémoire française.
C’est dans le prolongement aussi au port de pêche que se trouve la gare maritime pour rejoindre les îles de la Désirade, des Saintes et de Marie-Galante. Amateurs de poisson frais et d’anecdotes atypiques, n’hésitez pas à y faire un détour.
L’ancien cimetière hindou
Il a accueilli les premiers morts parmi les indiens d’Inde, arrivés sur l’île entre 1854 et 1889. De confession hindou, ces derniers n’étaient en effet pas enterrés dans les cimetières chrétiens, si bien qu’une parcelle sur la plage des Raisins Clairs leur fut accordée. Rapidement convertis au christianisme, le cimetière est par la suite devenu chrétien. Cela dit, leurs descendants pratiquent encore aujourd’hui la double-religion conjointement, et ce de façon très naturelle.
À Saint-François, la communauté hindoue et ses descendants est aujourd’hui encore très présente, et les relations avec la culture hindoue sont restées particulièrement fortes. Le bourg accueille notamment l’association de défense du patrimoine de l’Inde. Vous pourrez découvrir les saveurs de cette cuisine au restaurant « La Porte des Indes » sur la route du Moule.
La Désirade : patrimoine naturel et culture créole
Si l’atout majeur de la Désirade réside surtout dans son patrimoine naturel, l’histoire de l’île n’en demeure pas moins intéressante. Mieux : ce sont même ses atouts naturels qui ont façonné l’histoire et la culture du territoire. Explications.
Un patrimoine naturel grandiose
Implantée sur une plaque tectonique plus ancienne encore que celle de la Guadeloupe continentale, la Désirade possède un caractère géologique très singulier. De ce point-de-vue-là, elle se rapproche même davantage de l’île de la Barbade que du reste de la Guadeloupe, pourtant très proche. Parmi ses particularités, la Désirade possède des nappes phréatiques naturelles et compte cinq à six sources. Très conséquent au regard de sa petite taille (11km de long pour 2 km de large) ! Jouissant d’eau douce, l’île est naturellement devenue une terre d’accueil pour les amérindiens.
Aujourd’hui, la Désirade est l’unique commune de Guadeloupe située sur les deux (seules) réserves naturelles nationales : la Réserve Naturelle à caractère Géologique, première des Outre-Mer ; et les îlets de Petite-Terre.
Véritable bijou, on considère cette dernière comme une nurserie pour les cétacés. Ainsi, depuis la Désirade, vous pourrez admirer en saison les passages de baleines et dauphins, mais aussi le balai des tortues sur les plages, et le vol d’oiseaux. Pour apporter votre pierre à l’édifice de la protection marine, nous vous recommandons d’utiliser des protections solaires naturelles : animaux et coraux vous remercieront ! La réserve accueille aussi des iguanes communs, l’une des dernières espèces d’iguanes que l’on ne retrouve pas ailleurs en Guadeloupe.
Parmi les autres sites naturels à ne pas manquer :
- La Pointe Colibri et sa petite réserve naturelle abritant beaucoup d’oiseaux.
- Le jardin botanique et ses quelque 850 espèces de cactus du monde entier.
- La pointe extrême du quartier de Baie Mahault, avec sa cotonnerie, son phare et la station météorologique. Vous êtes ici tout proche de la réserve naturelle à caractère géologique, un très beau site inhabité propice à la randonnée et à la promenade.
Un patrimoine culturel créole bien vivant
La Désirade est un gros bourg à l’architecture traditionnelle créole, habité par quelques grandes familles (au sens littéral). Résultat : tout le monde se connaît et l’accueil y est des plus amical. Charmant et authentique, il est le reflet de la Guadeloupe d’antan, marqué par le métissage et la mixité ; la tolérance et l’ouverture aux autres. Tous les cultes religieux sont d’ailleurs représentés sur l’île, avec une vraie acceptation de tous.
Profondément imprégnés de la culture créole, les désiradiens respectent l’ensemble des traditions des Antilles. Cela concerne tous les domaines. L’histoire, les traditions ancestrales, l’utilisation de plantes médicinales, la connaissance du Gwoka, les danses folkloriques…. Et tout se transmet de génération en génération !
Si vous souhaitez vous essayer à une activité artisanale encore existante sur l’île, la potière-céramiste vous proposera une initiation. Essayez-vous aussi pourquoi pas à la teinture végétale, ou encore à taille de pierres de la Désirade !
Côté patrimoine matériel, ne manquez pas la Chapelle du Calvaire. Vous la rejoindrez en 40 minutes de marche depuis le centre-ville ; de là-haut, le panorama sur la Guadeloupe et ses îles est imprenable ! Vous y accéderez librement si vous souhaitez la visiter.
Enfin, prendre part à l’un des festivals est un très bon moyen de s’imprégner de la culture désiradienne. Outre le traditionnel carnaval, on retiendra les événements suivants :
- Le Festival Fèt A Kabrit, tous les ans le weekend de Pâques. Trois jours de festivités et de plateaux d’artistes reconnus.
- Les Fêtes estivales, de mi-juillet au 17 août. Elle s’achève par la fête des Marins pêcheurs du 16 août, qui attire de nombreux visiteurs.
- Les Chanté Nwèl, durant tout le mois de décembre. Idéal pour partager de beaux moments de vie avec la population !
Envie d’aller plus loin dans l’organisation de votre séjour ? De l’hébergement aux activités, n’hésitez pas à visiter le site de la Riviera des îles de Guadeloupe. Et pour encore plus d’inspiration, direction ses réseaux sociaux (Facebook et Instagram) !
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Article rédigé en partenariat avec l’Office de Tourisme de la Riviera des îles de Guadeloupe.